Découverte de l’amplificateur Luxman L-590AXII

Les amplificateurs en pure classe A sont reconnus pour leur rapidité, leur faible distorsion et, point principal qui nous intéresse, leur transparence. L'inconvénient, c'est qu'ils dissipent une puissance constante quel que soit le niveau du signal. Ce qui se traduit par une demande conséquente en courant, d'où la taille importante des alimentations et le fait que ces amplificateurs dégagent une chaleur non négligeable. La firme LUXMAN s'est spécialisée dans ce type d'électronique, l'expérience - fruit de presque un siècle - a conduit ce fabricant au sommet des réalisations transistorisées. C'est ainsi que nous avons le plaisir de vous présenter ce magnifique amplificateur 490 AX II, présentation et fabrication sont au-delà de toute critique, les caractéristiques sont abordées plus bas dans la fiche technique pour ceux que cela intéresse.

Cet amplificateur se montre à l'aise avec quasiment n'importe quel type d'enceintes, il a été connecté successivement sur des TANNOY Canterbury, des FALCON LS 3.5/A Golden badge et des FOCAL K2 série limitée.

Le but final d'un appareil haute-fidélité est bien sûr d'écouter de la musique, c'est donc de musique dont il va être question ici. En 1822, BEETHOVEN publie sa sonate n°31 sous le numéro d'Opus 110. C'est une sonate qui se décline en trois mouvements, contemporaine de la messe en ré, pour laquelle le compositeur travaillera pendant au moins trois ans et qui verra le jour sous le nom de Missa Solemnis.

L'Opus 111, sonate n° 32, peut être considérée comme très proche puisque achevée en janvier 1822, mais publiée beaucoup plus tard. On retrouve dans l'Opus 110 des réminiscences de la 8ème sonate pour piano et violon, du moins en ce qui concerne le premier mouvement, le deuxième étant inspiré d'un air populaire et le troisième ressemblant à un long récitatif suivi d'une fugue, ceci pour en faire un rapide résumé.

Avec sa somptueuse interprétation de l'Opus 110, Friedrich GULDA (ORPHEUS OR-B126) surprend par une extrême délicatesse et évidemment beaucoup de virtuosité. Ce grand pianiste n'hésitait à faire fi de la "tradition" et à tenter quelques expériences du côté du jazz, mais pas ici où l'interprétation est d'une grande rigueur. Le LUXMAN est le parfait exemple d'un excellent amplificateur qui permet de découvrir la subtilité d'une interprétation aussi raffinée que celle de GULDA.

Le piano se trouve au centre de la scène sonore comme il se doit, au travers d'une bonne prise de son - c'est un détail qui a son importance - car déjà visualiser le piano c'est plutôt un bon point. Les notes fortissimo permettent de juger des écarts dynamiques, tout comme les pianissimo légers et délicats. GULDA apporte toute sa vigueur et son éloquence subtile à cette composition si célèbre.

L’enregistrement de très bonne qualité nous permet d'entrer dans le jeu de ce grand pianiste, cette spontanéité et cette finesse de toucher nous est transmise par le biais de ce superbe amplificateur qui semble traduire la musique avec beaucoup de facilité.

Gustav MALHER compose sa huitième symphonie en 1906. Cet immense ouvrage, nécessitant un important déploiement de choristes (dont des voix d'enfants), ainsi que huit solistes et un orchestre plus important qu'à l'habitude, fut créé en 1910 à MUNICH sous la baguette du maître lui-même. En réalité pour cette création, on pouvait entendre - en dehors des huit solistes - huit cent cinquante chanteurs dont deux cent cinquante enfants et un orchestre de cent soixante et onze musiciens.

L'effectif, assez impressionnant, valut à cette symphonie le surnom de symphonie des milles. MALHER n'était pas seulement un musicien de génie, c'était aussi un grand chef d'orchestre reconnu comme tel à son époque. On dit que ses interprétations de WAGNER étaient incomparables de beauté et de poésie.

Au moment de la création de sa huitième symphonie, il dirigeait l'orchestre symphonique de New-York, ce qui contribua nettement à faire connaître ses oeuvres outre atlantique. On comprendra la difficulté de reproduire sur un système haute-fidélité une symphonie aussi complexe.

Les choeurs sont difficiles à reproduire, subissant souvent une grande confusion et une inintelligibilité rendant impossible la compréhension du texte. Le mode de fonctionnement en classe A du 490 semble nous éviter ce naufrage. Outre que l'étagement des masses chorales et instrumentales est de premier ordre, le texte est parfaitement compréhensible. Nul vacarme au niveau des tuttis mais un effet de clarté où la puissance se fait sentir sans confusion.

Les solistes ressortent bien de cet orage sonore, transparence et finesse se jouent de nos oreilles. Le plaisir de cette écoute invite à aller jusqu'au bout de cette oeuvre colossale, nulle fatigue ne vient interrompre le charme. Le LUXMAN est donc bien de ces appareils qui donnent envie de prolonger n'importe quelle expérience auditive.

Malgré cette sélection un peu restrictive, sur d'autres genres musicaux, nous avons pu l’apprécier par ailleurs. Voici donc un amplificateur qui apparait plus que séduisant, pour un prix somme toute raisonnable, il est capable de vous transporter au coeur de la musique, prouesse que ne peuvent revendiquer beaucoup de ses concurrents.