Made In france
Il s’agit ici d’une édition limitée de la fameuse Aria 936, mais ce modèle K2 présente d’importantes innovations technologiques. Si la gamme classique utilise des haut-parleurs en fibre de lin, rien de tel sur la K2, on découvre des haut-parleurs médium et graves en fibre de verre et fibre d’aramide. L’aramide est un polyamide aromatique résistant à la chaleur et possédant de bonnes propriétés mécaniques. Cette fibre synthétique est utilisée dans le textile, pour les vêtements de protection notamment . En retirant le cache, l’œil est immédiatement attiré par ces drôles de HP jaunes, l’effet est garanti, venez-vous en rendre compte en passant au magasin. L’enceinte est en configuration 3 voies avec cinq haut-parleurs. Un tweeter à dôme inversé, un médium de 16,5 cm de diamètre et trois graves de 16,5 également. S’agissant d’une fabrication limitée en nombre, le fabricant français a été particulièrement attentif à la finition. Peinture laquée Gris Clair pour les côtés de l’enceinte, effet cuir pour les façades avant et arrière. C’est incontestablement un très bel objet qui ne défigurera pas un salon digne de ce nom.
Ce nouveau modèle a reçu beaucoup de critiques plus qu’élogieuses, voyons ce qu’il en est.
Il faut là aussi être très attentif au positionnement des enceintes dans la pièce. Bien sûr, pour en tirer le maximum, l’électronique devra impérativement être à la hauteur. L’impédance étant toujours en chute libre dans les fréquences aigues, comme souvent chez FOCAL, il faut un ampli parfaitement stable sur les basses impédances et possédant de fortes capacités en courant (un NAIM, par exemple ou un ROKSAN).
Avec le très bel enregistrement de Threnos de Penderecki dirigé par lui-même (Emi/Electrola), avec les cinquante-deux instruments à cordes de l’orchestre de la radio polonaise, pour interpréter cet hommage aux victimes d’Hiroshima. On est tout de suite impressionné par la scène sonore, tant en largeur qu’en profondeur, l’orchestre est vraiment en place devant vous. Aucune lourdeur ni invraisemblance, l’interprétation très vivante permet immédiatement de se rendre compte de la précision de ces enceintes. Pas de dureté à souligner , beaucoup de souplesse avec une exceptionnelle virtuosité faisant ressortir les multiples beautés de la partition.
BERG écrit une suite pour orchestre et soprano Lulu symphonie (Antal Dorati/Philips) en 1935, il s’agit de faire découvrir l’opéra à travers cette suite. Alban Berg est un précurseur de ce que l’on appelle l’école de Vienne, musique au modernisme et à l’expressionnisme novateur, utilisant des combinaisons atonales préfigurant le dodécaphonisme. C’est un chef d’œuvre de sensibilité et romantisme psychologique. On retrouve toute l’atmosphère de Berg sous la baguette de Dorati, le très beau médium de l’Aria permet de bien suivre les contours de cette très belle page orchestrale, la voix de la Soprano (Helga PILARCZYK ) ne fait que rajouter une intensité dramatique, tandis que de l’orchestre jaillit des couleurs sombres, appuyé par les percussions dans une vision funeste. C’est là tout l’art de réaliser une bonne enceinte, l’expérience de la musique devient vivante.
Continuons cette promenade musicale avec la SPRING Symphonie de Britten, dirigée par lui-même. Et qui met en scène des petits poèmes du 16/17 -ème siècle (Edmund Spenser, John Clare et Georges Peele). Une symphonie en quatre mouvements où le printemps après l’hiver promet le réveil de la terre et de la vie. En écoutant le final avec Soprano, alto et ténor, avec chœurs mixtes et chœur d’enfants là aussi l’image stéréo est assez réaliste, les chœurs pourtant assez fournis ne sont jamais confus. Les voix s’étagent bien sur des plans différents, on peut profiter pleinement de la voix de Peter Pears au timbre si particulier. Il faut également souligner la fluidité des aigus, pas de stridence qui peuvent - et surtout sur des masses chorales - vite agacer le tympan. Malgré une dynamique appuyée on ne note jamais de dureté, ce qui est un point non négligeable.
Dans l’œuvre de JS BACH, Ton KOOPMAN interprète les sonates pour orgue, ici sur un très beau disque édité en son temps par Archiv et bénéficiant d’une très belle prise de son. Ton KOOPMAN, claveciniste et organiste s’est aussi essayé à la direction d’orchestre. Musicien, il se passionne pour la musique ancienne des XVII è et XVIII è siècle, effectuant un remarquable travail pour retrouver les interprétations originales des œuvres. L’église Waalse Kerk où a été effectué le présent enregistrement est située à Amsterdam, l’orgue a été construit en 1680 par le facteur Nicolas L’anglez et a subi plusieurs restaurations au fil du temps. L’intérêt de l’orgue, en dehors de son aspect musical, est qu’il combine aux travers de nombreux jeux, toutes les fréquences de la plus aigüe à la plus grave. Le jeu virtuose de KOOPMAN prend une dimension pleine de contrastes, à la maitrise parfaite. L’orgue laisse entendre toute la richesse de ses jeux. On apprécie encore un grave rapide sans trainage, il y a une vraie impression physique dès que l’instrument se met à descendre dans les basses fréquences. Cela contribue à la cohérence de l’ensemble, on ressent ici ce que l’on ressent habituellement sur des systèmes plus évolués.
Nous pouvons conclure que cette nouvelle ARIA est un coup de maitre. Parfaitement mise au point elle sait distiller ce côté enchanteur de la musique. Chaque disque est une découverte, plus qu’une heureuse surprise, une parfaite réussite. Son côté exclusif ne peut que rajouter à la fierté d’acquérir cette enceinte magnifique à plus d’un titre.